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Communiqué de la coordination musulmane

Les responsables des lieux de culte et des mosquées affiliés à la Coordination Musulmane de l’Agglomération Toulousaine condamnent la sauvagerie perpétrée à la Préfecture de Police de Paris le 3 octobre 2019 qui a coûté la vie à 4 fonctionnaires de police. Nos pensées vont aux victimes et aux familles des victimes. Nous avons à plusieurs reprises condamné ces actes criminels, et nous associons aux multiples condamnations de ces actes. Aucun être humain doué de raison et de cœur ne saurait trouver une justification quelconque à ces actes, ou y rester indifférent.

 

Malheureusement, à ces actes tragiques, ce sont succèdées des positions politiques qui auraient pu paraître surprenantes si elles ne portaient pas en elles les germes d’un futur anxiogène pour la communauté musulmane. En effet, lors de l’hommage aux victimes du 10 octobre, le Président de la République, Emmanuel Macron, a appelé chacun à prendre sa part pour établir une « société de la vigilance », à « repérer à l’école, au travail, dans les lieux de cultes, près de chez soi, les relâchements, les déviations (…) ces petits rien qui deviennent de grandes tragédies ».

 

Même si Mr Macron a mis aussi en garde contre « le soupçon qui corrompt » et dit que « cette traque, jamais, ne [doit] remettre en cause les libertés de la République pour chaque citoyen », les musulmans s’inquiètent des raccourcis et de la division qui découlent et découleront de ces paroles et regrettent qu’il y ait si peu de maîtrise de la religion islamique pour comprendre les processus de radicalisation qui ont engendré les actes criminels qui secouent la France et le reste du monde, et perpétrés par des personnes se réclamant de l’islam.

 

La foi dans islam est certes un acte du cœur, mais qui doit se traduire par ceux de la langue et des membres. Un musulman qui respecte sa religion respecte la vie humaine, il doit prier à la mosquée, jeûner, etc… avoir ses convictions, adapter sa propre vie à celles-ci, mais ne portera jamais atteinte aux biens des autres, encore moins à leur vie. Si donc des personnes se réclamant de l’Islam portent atteinte aux autres de bien des manières, et ce de manière récurrente depuis plusieurs années, mais ceci n’est pas imputable à la religion qu’ils revendiquent, mais bien à leurs propres déviances et extrémismes, que la religion elle-même condamne fermement.

 

Le danger réel de cet « appel à l’aide » du Président de la République c’est qu’il exclut, et qu’il fabrique une société où les musulmans sont des dangers potentiels du moment qu’ils portent en eux ou sur eux des signes dits de « radicalisation », mais qui en réalité sont des signes d’une foi vivante. Bien des profils des terroristes ne correspondent pas à ces signes, bien des terroristes ne portaient nullement de signe distinctif comme la barbe, bien des terroristes ne savaient ni prier, ni jeûner même s’ils se réclamaient de cette religion musulmane, qui à un tournant de leur vie leur a paru bien prompte à légitimer leurs pires penchants, leurs frustrations ou rejet de la société dans laquelle ils évoluaient.

 

Certains des éléments du discours présidentiel excluent dans la mesure où ils reposent sur des présupposés négatifs à l’égard des musulmans, tout musulman encore une fois qui laisse apparaître les signes de sa foi n’approuve pas les actes terroristes, au contraire il les condamne, et les dénonce. Le discours s’est fait l’écho des propos honteux on ne plus clairs de ceux qui appellent à la haine et s’attaquent à l’Islam, comme cet ex-premier ministre qui ose écrire dans un Tweet « Nous ne sommes pas confrontés à des fous isolés mais à une idéologie radioactive qui attaque notre République. » Si le Président de la République prend le soin de parler « d’Islam dévoyé », d’autres ne font déjà plus la différence avec l’Islam.

 

De façon surprenante et fort inquiétante celui qui se doit d’être le garant de la paix sociale a contribué à faire sauter, de fait, « le plafond de verre » que n’arrivaient pas à briser des politiques et autres individus défendant une idéologie nauséabonde. Le service après-vente des propos présidentiels détaillera les « signes de radicalisation » qui ne sont rien d’autres que la pratique de l’islam de millions de personnes, dont la fréquentation des mosquées. Cela ne vient que créer un climat de défiance généralisée et exclure les musulmans pratiquants de la sphère des emplois publics comme les musulmanes voilées ont été l’objet d’osrasisme.

 

Ainsi, toute personne ou association œuvrant, dans le contexte de la loi de séparation de l’état et des cultes, à exercer son droit de liberté religieuse en participant à la collecte de dons pour la construction d’une mosquée sera « fichée » comme « radicalisée ». Toute reconversion à l’islam, comme tout arrêt de la délinquance suivi par une pratique religieuse, sera suspecte et à signaler. Cet appel à la délation n’inaugure rien de bon.

 

Nous, Coordination Musulmane de l’Agglomération Toulousaine, affirmons avec conviction que la lutte contre le terrorisme doit se faire avec les musulmans, et non contre les musulmans, et passer par l’éducation des enfants et de leurs parents, musulmans comme non musulmans, le respect de chacun(e) et de ses convictions, dans le but de construire une société meilleure où toutes les formes d’injustice seront dénoncées avec force et détermination.

 

La Coordination Musulmane de l’Agglomération Toulousaine.

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