Droits et Devoirs
De par Sa Volonté agissante, basée sur Son Omniscience et Sa parfaite Sagesse, Allâh a décidé de créer l’homme et de le mettre à l’épreuve par une vie en groupe. Parce que le besoin des autres est une évidence qui s’impose à tout humain, Allâh a édicté des règles de vie en commun pour la faciliter, n’en déplaise aux anarchistes de tous bords.
Parmi ces règles, figure la désignation d’un responsable du groupe d’humains, le plus apte, selon le groupe, à veiller au bien-être de ses membres. Ceci n’est pas un honneur, mais plutôt une charge dont il devra rendre compte le jour J. Le noble Prophète béni résuma cette notion dans son dire « Chacun d’entre vous est berger et devra répondre de ce qui lui a été confié … ». La compétence, le dévouement et le désintéressement le plus complet étant demandés, cela vaudra à celui qui s’en est bien acquitté, « l’imâm juste », de figurer en tête de ceux qui « seront sous l’Ombre » le jour où il n’y aura d’autre Ombre que celle du Trône divin pour s’abriter de la chaleur indescriptible. Pour y aider, le pouvoir ne devrait être confié qu’à ceux qui ne le demandent pas, laissant ainsi aux autres le soin d’apprécier qui en serait digne.
Le chargé d’une telle mission doit attendre de ses « administrés » un soutien actif et une aide précieuse, leur sort étant lié. Dans cet esprit, l’islâm nous enseigne que le conseil sincère est un devoir pour chaque « administré » musulman et un droit de « l’administrateur », au point d’en faire la religion toute entière (« La Religion, c’est le conseil sincère… » dit le hadîth). Il sera fait de la meilleure des manières, avec douceur et tact, science et sagesse, comme on aimerait qu’on nous conseille, en vertu du dire prophétique « Aucun d’entre vous ne sera véritablement Croyant, tant qu’il n’aimera pour son frère ce qu’il aimerait pour lui-même ». Ce faisant, « tout ce que le Musulman a de bien appartient à ses frères, ne lui appartient en exclusivité que ses péchés ».
Dans une telle société, à commencer par la plus petite d’entre elles, la famille, chacun cherchera à s’acquitter de ses droits, plutôt que réclamer les siens, au point de faire des conflits familiaux, avec ses terribles conséquences sociales, notamment en terme d’éducation des enfants, une plaie des plus ouvertes de nos sociétés. Si l’époux se préoccupait du droit au bonheur de l’épouse, il chercherait à l’aider à l’atteindre plutôt que de se concentrer sur ce qu’il attend d’elle, et vice versa. D’ailleurs, le noble Messager béni, le meilleur d’entre nous et le modèle, n’a pas manqué de définir le meilleur d’entre nous comme étant le meilleur avec sa famille, et était au service de la sienne. Un de ses conseils, toujours d’actualité, « Qu’aucun Croyant ne déteste la Croyante (sa conjointe). S’il voit en lui ce qui lui déplaît, qu’il pense à ses qualités ». Ainsi, on rechercherait sa part de responsabilité dans tous les conflits, en lieu et place d’accabler l’autre, comme si on n’avait pas une (grande) part de responsabilité dans l’affaire, surtout quand il s’agit du mari, le « berger » de la famille.
A un niveau supérieur, jusqu’aux sommets de l’Etat, malgré les erreurs et fautes, parfois très graves et aux fâcheuses conséquences sur toute une population, on ne manquera pas d’exercer son devoir de conseil sincère et d’invocations pour un meilleur avenir, comme recommandés par l’Islam en pareilles circonstances. Dans les pires des situations, devenues monnaie courante, le Prophète béni recommandait ceci : « Faites vos devoirs et Allâh vous donnera les vôtres ». A l’inverse, la révolte contre ces régimes sanguinaires aboutie au massacre de millions d’innocents et au désordre, comme cela se vérifie encore, malheureusement, de nos jours dans nombre de pays à majorité musulmane. On fait dire à Hassan al-Basri (qu’Allâh lui fasse miséricorde !) « Sache que la dictature des despotes n’est que le symptôme de la colère divine qui implique le retour à Lui repentant, et non par le brandissement des armes ».
La responsabilisation de chacun(e) est la clé du changement, tant au niveau individuel que collectif. C’est ce qu’exige la croyance en Allâh et en la comparution le jour J, où ni progéniture ni richesse ne seront d’aucun secours.